Le me. 19 juin 2024, la HEP|PH FR a accueilli une demi-journée d’étude organisée par le CRE/ATE sur le thème « Numérique & éducation : tensions partagées, entre émancipation & contrôle ». Cet événement, disponible en format hybride, a réuni une cinquantaine de participant.es en présence ainsi qu’à distance via visioconférence.
L’événement a débuté par une mise en contexte de Patrick Roy, Doyen R&D de la HEP|PH FR. Dans son discours de bienvenue, Patrick Roy a souligné l’importance des discussions autour de l’usage du numérique en éducation et de la nécessité de trouver le juste équilibre entre émancipation et contrôle, en ajoutant les enjeux de durabilité à la numérisation.
Son discours a été suivi par l’exposé de Prof. Dr Margarida Romero, conférencière invitée pour cette demi-journée. Professeure des universités à l’Université Côte d’Azur en France et professeure associée à l’Université de Laval au Canada, elle a présenté un exposé intitulé : « Intelligences artificielles et l’agentivité humaine en éducation : de l’acculturation à l’émancipation ».
L’exposé a abordé plusieurs aspects, notamment le rapport des enfants au numérique et aux écrans (Figure 1), des avantages du numérique comme levier d’apprentissage, facilitateur de gamification et source d’attractivité chez les jeunes, ainsi que des inconvénients tels que le détournement d’usage, les problèmes comportementaux et les addictions. Les perspectives créées par les intelligences artificielles génératives (IAG) et le rôle des enseignants dans cette nouvelle ère ont suscité de nombreuses questions parmi le public et donnant lieu à des échanges enrichissants.
Figure 1. Le rapport des jeunes aux écrans. Risques et possibilités de contrôle exposés par Prof. Dr Margarida Romero.
Cette conférence a été suivie par l’exposé de Prof. Dr Simon Collin, également invité par le CRE/ATE pour cette demi-journée. Professeur des universités à l’UQAM, il a présenté un exposé sur la gouvernance scolaire basée sur les données. Dans un contexte où les données sont de plus en plus présentes, les politiques tentent de quantifier le travail des collaborateurs et des élèves. Cependant, cela peut être biaisé, notamment dans le contexte éducatif, où les données de performance des élèves, décorrélées de leurs profils et de leurs milieux sociaux, ne suffisent pas à évaluer la qualité de l’enseignement. Simon Collin rappelle ainsi que les données sont importantes, mais leur utilisation doit tenir compte de tous les facteurs psychosociaux qui les entourent. Le défi est de faire usage des bonnes données pour les prises de décision ou, avec d’autres mots, de ne pas utiliser des données distantes pour prendre des décisions fines, et inversement. De plus, les enseignants doivent avoir un accès plus généralisé à des données pour les utiliser à des fins d’amélioration de leurs programmes d’enseignement.
Après une petite pause, les participant·es, en ligne et en présence, ont participé au World Café. Le principe consistait à se regrouper autour des cinq tables à disposition, chacune traitant de questions pratiques liées à la numérisation de l’éducation et de la formation. Les thématiques abordées allaient du questionnement des finalités de la numérisation de l’école, aux technologies adaptées à chaque niveau d’enseignement, en passant par les nécessités de soutien aux enseignants et les liens entre libertés de choix et contraintes de sécurité…
Après plusieurs rotations des différents groupes autour des différentes tables, les animateur·rices du CRE/ATE ont restitué les idées notées sur les flipcharts. Le World Café a été un excellent moyen de prolonger les échanges autour des questions soulevées par les deux conférenciers invités. Parmi les finalités de l’éducation numérique, notamment à l’école primaire, ont été évoquées la sensibilisation à l’autonomie (dans le sens de l’émancipation) et à l’autorégulation, la prévention de l’isolement social et du déclin cognitif, etc. Il était clairement question du rôle de l’école pour accompagner l’usage des outils numériques, au-delà de leur simple utilisation. Quant à la tension entre émancipation et contrôle, des filtres techniques (p. ex. : filtre de contenus Web, redirection d’URL, pare-feu…) ont été souhaités lorsque le cadre légal l’exige, mais une « éducation à » semblait plus importante.
Après le mot de clôture de PD Dr Lionel Alvarez, professeur associé à la HEP, rappelant que la dimension pédagogique devra à être défendue dans la numérisation de l’éducation et de la formation, la journée s’est terminée par une verrée, offrant aux participants une dernière occasion de réseauter et de réfléchir ensemble à l’avenir de l’école dans une société qui se numérise.
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