On veut le meilleur pour nos enfants, pour notre avenir, pour notre pays.
Le bon sens voudrait que plus c’est cher, meilleur est le produit ou le service. Ainsi les produits et services numériques gratuits et libres (ne pas confondre avec les gratuiciels/freeware) sont mal vus dans l’opinion populaire et parmi les gestionnaires.
Cependant, le logiciel ne fait pas tout. C’est son intégration dans le flux d’activités et processus métier, parmi les outils préexistants, qui est déterminante. Il s’agit certes d’intégration technologique, les dimensions de tels projets sont pourtant humaines et organisationnelles.
Si le logiciel a une valeur intrinsèque, son intégration dans l’architecture des systèmes d’information déjà en place et son adoption par les employé·e·s sont critiques. Ainsi de nombreux acteurs de l’économie numérique déploient un modèle d’affaire autour de logiciels libres et engrangent du profit en vendant des services de support technique à cette intégration, formation aux employé·e·s et conseils aux gestionnaires.
C’est un modèle d’affaires opposé à celui de la vente de logiciels et mises en abonnements de services. Il est adopté par des entreprises telles que Red Hat et IBM. C’est le cas aussi du logiciel d’accompagnement d’apprentissage Moodle ou la suite bureautique gérée par The Document Foundation.
Cette dernière a annoncé fièrement la migration de 30’000 postes de travail étatiques sur LibreOffice. À titre de comparaison, 30’000, c’est le nombre d’élèves à l’École fribourgeoise.
Selon le Premier ministre de l’Etat de Schleswig-Holstein, la migration sur cette suite bureautique apporte :
- de l’indépendance (unabhängig), nommée souveraineté lorsqu’il s’agit d’activités de l’État ;
- de la durabilité (nachhaltig) ;
- et de la sécurité (sicher).
En parallèle, l’actualité informatique mondiale révèle les dangers de l’économie de marché capitaliste et son corollaire : le monopole. Lorsqu’une entreprise est en situation de monopole, elle n’est plus motivée à améliorer ses produits et services. Cela a des conséquences dramatiques dans l’économie numérique, dont les produits une fois développés peuvent être démultipliés comme aucun autre produit analogique.
Ainsi des voix s’élèvent pour critiquer le monopole d’entreprises telles que Microsoft. La critique ne se situe ni dans l’animosité de certain·es vis-à-vis de cette entreprise, ni à l’encontre des produits et fonctionnalités qu’elle offre, mais bien contre sa position économique monopolaire. Récemment, un dignitaire étasunien expliquait que la firme de Redmond représente une menace de sécurité nationale. C’est une situation rocambolesque qu’une entreprise nationale devienne une menace pour son pays. En Europe aussi se pose la question de mettre tous ses œufs dans un même panier, c’est-à-dire qualifier le risque de placer toutes les activités critiques européennes dans un seul produit, développé par une seule société. C’est l’hypothèse avancée par ce reportage diffusé par Das Erste, la première chaîne de l’ARD (radiodiffuseur public allemand).
Est-ce que les décisions d’Éducation Numérique prises ces dernières années en Romandie et en Suisse offrent le meilleur pour nos enfants, pour notre avenir, pour notre pays ?
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