Cœur d’encre (Tintenherz)
De Cornelia Funke (texte et vignettes intérieures).
Premier tome de la trilogie Cœur d’encre (Tintenwelt).
Date de parution en allemand : 2003 (Cecilie Dressler Verlag)
Date de parution en français : 2004 (Hachette).
Les éditeurs recommandent ce livre à partir de 11 ans. Le livre est adapté pour des 8H (et plus), bons lecteurs.
Meggie vit seule avec son père Mo, un relieur de renom. L’apparition d’un homme étrange dans la nuit lance Meggie et son père à la recherche d’un ouvrage rare, conservé chez Elinor, la grand-tante de Meggie, grande collectionneuse de livres. C’est le début d’une aventure qui permettra à Meggie de lever le voile sur bien des secrets…
Je me suis intéressée à ce livre, car j’avais lu un extrait du second tome de la trilogie (Sang d’encre – Tintenblut) en cours d’allemand. Dans cet extrait, on y rencontrait un personnage nommé Orphée, d’après le mythe grec, ayant le pouvoir de donner vie aux créatures et situations d’un livre en le lisant à voix haute. Cet extrait m’a plu et c’est pour cela que j’ai décidé de lire toute l’histoire en allemand.
J’ai apprécié ma lecture car c’est à la fois un roman d’aventure et de fantasy. C’est surtout, comme le dit la citation en 4ème de couverture de la version allemande, « une déclaration d’amour au livre » (Die Zeit). En effet, le livre y est célébré en tant qu’objet (ce n’est pas par hasard que Mo est relieur et Elinor collectionneuse d’ouvrages rares), mais aussi en tant que moyen de voyager, de s’évader voire de faire apparaître une autre réalité, à condition de lire à voix haute et d’en posséder le don, comme l’imagine Cornelia Funke dans ce roman. Ce don permet de faire surgir le monde de papier dans le monde réel et inversement, de plonger du monde réel vers le monde de papier. Ce va-et-vient entre monde imaginaire et monde actuel se matérialise également dans le fait que chaque chapitre est introduit par une citation tirée de grands classiques de la littérature d’aventure et de fantasy, tels que L’Île au trésor, Le Seigneur des anneaux, Les chroniques de Narnia etc.
Cette « déclaration d’amour au livre », se retrouve également sur la couverture utilisée dans les éditions allemandes et dessinée par l’auteure. En effet, alors que les couvertures françaises du roman mettent l’accent sur son côté fantasy, Cornelia Funke a choisi de mettre en avant le côté tangible du livre et de sa fabrication : on y voit plusieurs enluminures inspirées de celles des copistes du Moyen-Âge, séparées les unes des autres comme si elles se trouvaient dans une casse d’imprimerie. Le titre, comme écrit à la plume d’oie, évoque à la fois le processus de fabrication (recopiage des livres avant l’invention de l’imprimerie) et celui de la création.
En effet, j’ai vu dans ce roman un hommage à la puissance de la création littéraire, à sa difficulté, et à son caractère quasi démiurgique : sans elle, pas de mondes imaginaires dans lesquels on peut trouver refuge ou s’évader. C’est le texte qui les fait exister et qui peut envisager des dénouements différents pour un même récit. C’est même ce à quoi aspire Meggie à la fin du livre : « (…) elle voulait apprendre à tisser des histoires, comme elle avait vu Fenoglio le faire. Elle voulait apprendre à choisir des mots, afin de pouvoir les lire à sa mère sans se soucier de qui surgirait et la regarderait avec des yeux pleins de nostalgie. Seuls les mots pouvaient la faire retourner d’où elle venait, tous ceux qui n’étaient faits que de lettres, et c’est pourquoi Meggie décida que les mots seraient son art. » (traduction personnelle).
Malgré son apparence imposante (624 pages) qui pourrait en décourager certains, le texte est d’accès facile et agréable, et les aventures de Meggie pleines de rebondissements que le lecteur suit volontiers. Tellement même que j’ai lu la suite !
Nadine Kara, 1.5F
Commentaires