« Dis, maman, est-ce que tu m’aimeras toute la vie ? »
Une toute petite question au moment du coucher…et nous voilà partis à la découverte des aventures quotidiennes d’Archibald, petit garçon à la tignasse frisée. Au travers d’exemples puisés dans leur vie de tous les jours, sa maman lui fait comprendre que même s’il ne le voit pas, son amour pour lui est présent quelle que soit la situation…
Point donc de rebondissement ou de péripétie rocambolesque dans cet ouvrage. Juste des morceaux de vie dans lesquels le lecteur, qu’il soit grand ou petit, peut s’identifier.
Au fil des pages, Astrid Desbordes nous entraîne, non sans humour et finesse, dans l’exploration de scènes ordinaires qui parleront particulièrement aux enfants. Tantôt drôles, tantôt émouvantes, elles sont résumées en une seule phrase s’étalant sur deux pages et mettant en scène une situation et son contraire. « Je t’aime quand tu es le plus beau », petit bout de phrase mis en valeur par un Archibald en costume de gala sur la page de gauche, puis se terminant sur celle de droite par « et quand il n’y a que moi qui le vois », rehaussé par le dessin du petit garçon en pyjama et couvert de boutons que l’on suppose être la rougeole. La sobriété du texte laisse alors toute la place aux illustrations douces et réalistes de Pauline Martin pour se déployer sur tout l’espace et jouer un rôle central dans la compréhension.
Pris tel quel, cet ouvrage est tout indiqué pour des moments câlins en famille avant le coucher. Bien que la maman soit la plupart du temps seule à être mise en avant dans les illustrations, le texte peut tout aussi bien correspondre au papa, permettant pourquoi pas à ce dernier de créer, sous forme de jeu avec son enfant, des liens plus personnels entre le texte et leur vie quotidienne. Et si l’exercice ne le tente pas, il peut toujours se diriger vers « Ce que papa m’a dit », un ouvrage des mêmes auteures sorti en 2016 et qui fait la part belle au paternel mais dont, faute de place, je ne peux vous en dire plus ici.
Exploité d’une autre manière, « Mon amour » a également, à mon sens, tout autant sa place en classe. Il permettra non seulement d’aborder la notion abstraite de l’amour au-delà de l’exemple parental, comme l’amour que l’enfant ressent pour les grands-parents, les copains et les copines, la maîtresse ou le maître, etc…mais pourra également s’insérer dans le cadre d’une exploration plus large des sentiments. Amené d’une certaine façon, il peut aussi approcher, entre autres, les thématiques de l’acceptation ou de la confiance en soi.
Sans aucun doute, « Mon amour » est mon livre préféré de la littérature jeunesse car il a l’intelligence d’expliquer aux enfants que l’affection qui leur est portée ne dépend pas de leurs bons comportements ou de leurs réussites et que se faire gronder ne rime pas avec ne plus être aimé. Un ouvrage donc à ne pas hésiter à mettre dans les mains des petits comme des grands, car finalement, il n’y a pas d’âge pour acquérir la conviction que l’amour n’est pas soumis à condition.
Auteure : Astrid Desbordes
Illustratrice : Pauline Martin
Maison d’édition : Albin Michel Jeunesse
Date de parution : 29 avril 2015
Age conseillé : à partir de 3 ans
Nicole Bugnon 1.2F
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