De travers

Par annemarie

Mettre en image, avec des personnages imaginaires, la réalité du monde qui entoure les jeunes lecteurs et lectrices tout en leur faisant réfléchir sur les différences à l’endroit et…

Mettre en image, avec des personnages imaginaires, la réalité du monde qui entoure les jeunes lecteurs et lectrices tout en leur faisant réfléchir sur les différences à l’endroit et de travers des inégalités, des injustices et des discriminations qui traversent et entravent notre société.

 

Depuis qu’il était tout petit, Hypsi volait le ventre en l’air. Sitôt qu’il quittait la branche à laquelle il était suspendu, son corps se tournait vers le ciel. Autant dire qu’il se faisait remarquer. Une fois, Delta lui avait demandé :
«Mais pourquoi voles-tu de travers ?
– J’ai tout essayé, mais je n’arrive pas à faire autrement !» avait-il répondu tristement.
Delta avait compris qu’Hypsi n’aimait pas que l’on aborde ce sujet et avait décidé de ne pas insister davantage. Bien souvent, on pouvait les voir voler ensemble dans la forêt, elle à l’endroit, lui à l’envers.

 

De travers est un ouvrage de littérature de jeunesse racontant l’histoire de Delta et Hypsi qui vivent à Chiroptéria, la cité des chauves-souris. Au premier coup d’œil, les deux amis sont des chauves-souris comme les autres. Pourtant Hypsi possède une caractéristique propre à lui-même qui lui vaut les railleries de la part des autres chauves-souris ainsi que son exclusion : il vole le ventre à l’air. À la suite de douloureux événement, Delta furieuse et en colère, décide de partir vers d’autres sociétés pour tenter de comprendre si les inégalités s’y matérialisent et envisager des pistes d’action.

Ce livre est né par la suite d’une constatation : il existe une faible quantité de supports permettant de réfléchir de manière critique avec les enfants sur les différences et les rapports de pouvoir qui conduisent à la réalisation des inégalités (DELTA, 2020). La majorité propose des happy end, comme Dumbo et ses oreilles qui au départ lui portent préjudice mais qui résolvent la situation finale, alors que De travers nous quitte avec une question en suspens proposant une fin ouverte avec une prise de conscience à discuter et débattre avec les jeunes lecteurs et lectrices.

De travers propose une prise en compte de la différence sociale en admettant qu’elle existe ainsi que les inégalités. Il propose également des pistes concernant les inégalités pour en atténuer les différences. Il permet de mettre en lumière ces différentes situations que chaque élève vit au moins une fois dans sa vie. De travers peut être utilisé pour mette en image afin de comprendre et d’analyser la manière dont les inégalités scolaires se construisent, par le biais de séquences qui traitent et réfléchissent sur l’inclusion et l’exclusion en englobant les élèves qui sont des acteurs de cela.

Pour appuyer d’avantage cette occasion de s’interroger sur les inégalités, le livre se présente également sous une forme inhabituelle, il se lit de travers, avec le texte placé en haut et l’image en bas. L’usage de protagonistes essentiellement féminins peut aussi entraver le continuum de la narration, mais au fil des pages cette « différence » s’estompe et n’atteint plus l’aisance de la lecture.

J’ai choisi cet ouvrage pour enfant, à lire avec des adultes – mais également pour les grands adultes– qui pousse à réfléchir comment les inégalités et leurs conséquences se produisent, mais propose aussi des pistes d’actions afin de lutter contre elles. Ce livre permet de débattre, de comprendre tout en cherchant des solutions ensemble. Il invite à tenter des choses. Elles peuvent être parfois difficiles à entreprendre lorsqu’on est seul·e et peuvent tout autant échouer, mais elles en valent toujours la peine.

 

A propos du livre :

  • Auteurs et illustrateurs : DELTA & Baptiste Cochard
  • Maison d’édition : Le Cric
  • Date de parution : 2020
  • Âge conseillé / degré : 1H à 8H

 

Thalmann Thaïs 1.4 F

 

Références

Equipe DELTA & Université de Fribourg (2021). Une histoire pour penser et agir sur les inégalités. Les Dossiers, 32, 5-6.

Commentaires

Les commentaires sont fermés