« Les gens sont beaux » du romancier Baptiste Beaulieu et de l’illustratrice Qui Leng édité chez les arènes en 2022 est un album jeunesse qui offre une vision douce, touchante et bienveillante sur la question de l’apparence physique. En utilisant la voix d’une narratrice de six ans, l’auteur parvient à aborder le sujet de la différence physique, qu’il s’agisse de cicatrices, de couleur de peau, de difformité, de poids de manière simple et accessible pour un jeune public, tout en leur offrant une réflexion profonde et poétique sur l’histoire que ces différences véhiculent. Les illustrations de Qin Leng viennent renforcer la poésie que tout à chacun peut trouver dans le quotidien, et offre un joli moment d’évasion par des aquarelles colorées et chatoyantes propices à attirer l’œil des grand·e·s et des petit·e·s.
La trame de l’histoire suit l’échange entre la jeune narratrice et un retraité, Papou, qui raconte l’histoire de sa propre cicatrice qui barre le visage depuis un accident pendant son enfance, mais qu’il ne l’a pas empêché de vivre une vie riche et pleine de rencontres. Son histoire sera suivie par celles d’autres humains que la vie a cabossé, dont chaque marque raconte leur propre histoire. Papou, en tant qu’ancien médecin, met en avant l’importance de connaître l’histoire des autres pour les voir sous un jour plus tendre et plus complet.
Entre Hakim le carreleur retraité ancien meilleur ouvrier de France au dos tordu, Maryline l’employée qui somatise son mal-être au travail par du psoriasis, Lionel le serveur distrait par la fatigue d’être jeune père, Rebecca et son embonpoint carapace ou Antoine qui s’efface derrière sa maigreur, tous ces parcours interrogent les cicatrices que nos corps gardent de nos parcours. Si se moquer des corps, c’est se moquer aussi de leur histoire, alors raconter ses blessures, c’est les guérir par le partage. Cette vision humaniste et empathique offre une réflexion ouverte pour les jeunes lecteurices sur l’acceptation de soi et de l’autre.
Il est tout-à-fait possible d’utiliser ce livre pour des activités d’apprentissage de la lecture à partir de 6 ans, d’analyse critique, mais surtout pour animer des discussions sur l’acceptation de soi, sur la diversité physique, le rapport au corps et les stéréotypes. « Les gens sont beaux » est un outil pédagogique précieux pour inciter les élèves à réfléchir sur leur propre apparence, à celle des autres ainsi que les stéréotypes en matière de beauté, tout en développant leur empathie et leur compréhension d’autrui, afin de cultiver un esprit curieux, compréhensif et positif de la diversité des corps. Mais la réelle force de l’ouvrage réside dans son discours universel : chaque enfant et adulte peut s’identifier et trouver de la clémence pour sa propre enveloppe, témoin des aléas de la vie, qui mérite bien de l’amour et du soin.
La vulnérabilité est une force : c’est l’héroïsme de la douceur.
« C’est quoi, ta blessure ? C’est quoi, ton histoire ? »
Critique rédigée par Christophe Le Roux (1.4F).
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