Pierre est un jeune enfant qui ne veut pas manger sa soupe. Toute sa famille tente de le convaincre, et son père utilise même la menace de la sorcière Cornebidouille qui lui rendrait visite pendant la nuit s’il n’obtempère pas. Mais Pierre n’avait pas peur des sorcières. Une nuit, Cornebidouille vient dans la chambre de Pierre : son papa avait raison. Pierre va réussir à en faire façon en se montrant plus malin qu’elle.
A propos du livre
Auteur : Pierre Bertrand
Illustratrice : Magali Bonniol
Maison d’édition : École des loisirs
Date de parution : 2003
Âge conseillé : Dès 5 ans (1-2H)
Ce livre sort de l’ordinaire : Pierre n’est pas un enfant modèle, ni un héros. Il reste calme face à Cornebidouille, certes, mais il ne parait pas gentil pour autant. Il est difficile de le cerner, ses émotions ne sont pas clairement représentées. Son sens de la répartie face à la sorcière moqueuse et qui se veut convaincante ouvre une porte à l’humour.
Mais ce qui a retenu mon attention par-dessus tout est la morale de l’histoire : je pense que c’est une histoire que l’on comprend différemment avec un regard d’adulte. Cette histoire soulève un questionnement quant aux méthodes d’éducation. Le père de Pierre le menace en essayant de lui faire peur en parlant de Cornebidouille. Est-ce une méthode efficace ? Pierre n’a pas mangé sa soupe, même après les remarques de son père. De plus, il se débarrasse aisément de la sorcière pendant la nuit. Ceci remet donc considérablement en question les méthodes de son père : il éduque son enfant en utilisant des mythes irréels dans une situation réelle pour qu’il lui obéisse. A chacun de se forger son opinion quant à cette manière de faire, mais il est selon moi inefficace d’utiliser une menace fictive pour que son enfant obéisse. C’est ce que Pierre a d’ailleurs démontré.
Dès les premières pages, j’ai ressenti de l’intolérance vis-à-vis des méthodes éducatives du père. J’avais alors espoir que le fils se rebelle contre lui, mais c’est face à Cornebidouille que Pierre a fait ses preuves. Il s’est alors montré calme et inventif face à la sorcière : c’est la force de l’album à mes yeux, ce qui suscite le rire et l’admiration.
Les illustrations sont également un point fort de ce livre : elles sont d’ailleurs aussi l’une des raisons de mon choix. En effet, elles permettent de se représenter les pensées extraordinaires de Pierre, ce qui les rend presque réelles dans notre imagination. Elles sont également maîtresses de l’intensité des événements, par exemple lorsque différents cadrages de la sorcière sont utilisés pour représenter sa taille lorsqu’elle se met à grossir ou à rétrécir.
Conclusion – Qu’en faire à l’école ?
Ce livre sort du lot à mes yeux car il ne suit pas les nombreux standards de la littérature jeunesse auxquels j’ai l’impression d’avoir beaucoup été exposée dans mon enfance. Je recommande cette lecture car elle propose un regard différent en fonction de l’âge du lecteur. Il serait intéressant de mener une discussion avec les enfants concernant le comportement de Pierre et de son entourage.
Ce livre peut être une piste pour l’ouverture d’esprit culinaire : oser goûter de nouvelles choses. Il peut être un bon précurseur pour introduire certaines thématiques liées à l’alimentation au premier cycle. Il peut aussi lancer une discussion autour des mythes et de leur diversité dans le monde. Quels mythes les enfants entendent-ils à la maison ?
Léonie Waeber – 1.3F
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