Résumé:
Un beau jour, un « drôle d’animal » arrive dans un nouvel endroit après un long voyage, épuisé d’avoir traîné sa valise jusqu’à sa destination. Mais d’où vient-il ? Trois animaux, un renard, un lapin et un oiseau, s’intéressent à ce nouvel arrivé qui vient tout juste de débarquer. Pourquoi est-il arrivé épuisé et traînant si péniblement une si lourde valise ? Que contient-elle? Le nouvel arrivé ne ressemble en rien aux autres animaux, à vrai-dire il est bien différent. C’est alors que les trois amis lui posent une multitude de questions afin de percer le mystère de sa venue. Le drôle d’animal si épuisé par son voyage, fini par s’endormir, alors que le renard, l’oiseau et le lapin, entre crainte et curiosité, se laissent porter par le mystère qu’apporte l’étranger. Une quête vers l’inconnu que l’auteur nous propose à travers cette œuvre en jonglant entre stéréotypes et leur déconstruction. Crainte ? Curiosité ? Jugement ? Découverte ? Et si au départ, tout semble les opposer, c’est à travers la déconstruction de ces stéréotypes que la solidarité donnera naissance à une belle amitié…
Critique littéraire:
Dans ce livre, l’auteur nous permet d’aborder le thème de l’exil avec des enfants très jeunes. Le livre est conseillé dès quatre voir cinq ans. Il est donc tout à fait adapté aux enfants dès la 1H. Personnellement, je trouve que c’est une thématique très importante actuellement, et qu’elle mérite et, à mon sens même, devrait être abordée en classe. Pour prendre un exemple récent (parmi tant d’autres cependant), la guerre en Ukraine a engendré l’exil de millions de personnes à travers l’Europe et des millions d’enfants notamment, ont intégré les bancs de nos écoles. Je trouve cette thématique primordiale à aborder dès leur plus jeune âge, car c’est la réalité de notre société, et les enfants en sont témoins jusque dans leur salle de classe.
A travers cet ouvrage de littérature jeunesse, Chris Naylor-Ballestros nous montre cette réalité en douceur, grâce à l’anthropomorphisme des animaux. Il laisse place aux préjugés face à l’étranger en les déconstruisant au fil de l’histoire. En effet, l’auteur met en exergue dès la première page la méfiance face à l’étranger : d’où vient-il ? pourquoi est-il-là ?
Nous pouvons constater que le drôle d’animal ne représente pas un animal aussi bien défini que les trois autres, on ne sait pas trop de quoi il s’agit. De plus, ce personnage est illustré à travers une couleur froide contrairement aux trois autres qui portent une couleur chaude. Un bon moyen à travers l’illustration de marquer la différence de l’autre. Ainsi, nous pouvons faire un lien avec notre monde, dans lequel l’étranger fait face à de nombreuses critiques, de nombreux jugements, alors qu’il cherche, comme ce drôle d’animal, simplement un endroit où il peut vivre en paix et en sécurité. L’auteur nous fait voir la crainte et le jugement dont sont victimes les personnes exilées à travers le personnage principal. Les trois animaux accusent en effet, l’animal étranger de mentir lorsqu’il leur explique ce que contient sa valise. Bien qu’on puisse associer le renard stéréotypé à la ruse, l’oiseau pense la même chose, ce qui accentue le manque de confiance et la méfiance face à l’étranger.
« Et bien, je ne lui fais pas confiance. Comment savoir s’il dit la vérité ? Je ne vois qu’un seul moyen… passez-moi un gros caillou, nous allons forcer la valise et regarder ce qu’il y a dedans. » (pp 20-21)
De plus, l’auteur nous montre l’importance de la solidarité face à l’étranger. Il déconstruit les idées méfiantes qu’incarne le renard et l’oiseau au début de l’histoire et donne place à la solidarité, l’entraide et la bienveillance des trois amis, qui après avoir ouvert la valise, comprennent le voyage et probablement la nostalgie du drôle d’animal. De cette manière, il fait comprendre aux enfants que face à l’inconnu, nul besoin d’avoir peur. Il déconstruit l’idée de rester ignorant face à la différence mais propose au travers de la curiosité du renard à vouloir ouvrir la valise, de s’intéresser à ce qui vient d’ailleurs. Ainsi, il passe par le jugement du renard afin de montrer que celui qui juge, qui craint à tort et que lorsqu’on s’intéresse à l’autre on le comprend mieux. Ce qui mène enfin à créer des liens de confiance, de bienveillance et d’amitié. Nous pouvons interpréter l’idée des animaux à reconstruire la maison et la tasse du drôle d’animal, comme une invitation à la solidarité, à la paix et à l’acceptation de la différence.
La dernière réplique du livre est incarnée par le drôle d’animal qui dit : « Merci ! C’est parfait ! Il y a juste un tout petit problème… nous allons avoir besoin de plus de tasses… » C’est la première fois que dans le livre le pronom « nous » inclus le drôle d’animal. Avant, le pronom « nous » était utilisé pour marquer la solidarité des trois animaux « nous devrions le laisser dormir » (p.18) / « nous devons connaître la vérité » (p.21), ce qui marque l’exclusion de l’étranger face au groupe d’amis. A la fin de l’histoire, l’auteur nous montre d’une part que l’étranger n’est pas digne de crainte comme le pensaient au début les autres animaux, mais plutôt digne de respect et de bienveillance, rempli de générosité et ouvert à de nouvelles amitiés. La solidarité et l’acceptation de l’autre permet d’en arriver à des liens bienveillants, et nous laisse comprendre qu’une nouvelle amitié s’est créée entre les quatre.
En classe:
Je trouve ce livre très intéressant à lire en classe, car le drôle d’animal permet aux enfants qui ont dû fuir où qui ont émigré ici, de s’identifier à lui, qui incarne la position de l’étranger avec toutes les questions, les émotions, le jugement voir l’exclusion qu’il peut apporter, malgré lui. Mais au-delà du personnage principal, les autres élèves peuvent eux, s’identifier aux trois amis qui se posent des questions face à l’inconnu. Un merveilleux livre qui permet d’aborder une thématique actuelle, sociétale, et délicate qui reflète le monde de nos jours, remplie de préjugés à déconstruire, avec les enfants dès le plus jeune-âge.
Titre: La valise
Auteur-illustrateur: Chris Naylor-Ballesteros
Maison d’édition: Les lutins (septembre 2022)
Traduit de l’anglais par: Camille Guénot
Auteur critique: Clara Chappuis 1.3F
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