Nasreddine
Par Rébecca Dautremer et Odile Weulersse Les albums du Père Castor Edition Flammarion Parution : 09/09/2005 Âge conseillé : 4 à 6 ans ISBN : 9782081626652 |
Résumé
C’est l’histoire d’un petit bonhomme nommé Nasreddine, de son père Mustafa et de leur âne.
Enfin surtout des tentatives vaines du petit garçon d’échapper aux railleries du vizir et des villageois, il a beau rivaliser d’ingéniosité et prendre acte de ce pour quoi on le moque, rien n’y fait : si son père est seul sur l’âne on l’accuse d’exploiter son fils, s’ils font l’inverse c’est le respect des aînés qui a disparu, s’ils montent tout deux sur la bête ils maltraitent les animaux et si aucun d’eux n’y prend place, ils sont idiots de se fatiguer. Vraiment, on ne peut pas plaire à tout le monde ! Voilà ce que Mustafa laisse le soin à son fils de découvrir. Pour mener sa vie, point d’autre choix que de laisser ruisseler sur soi les sarcasmes d’autrui.
Critique
J’ai choisi ce livre parce que j’affectionne beaucoup la figure légendaire du philosophe sage-fou Nasreddine dont les contes sont entrés au patrimoine de l’UNESCO en décembre 2022. Moins connu en Europe, il est un personnage semi-mythique (il a une tombe en Algérie et une en Turquie) incontournable de la Mongolie à l’Irak en passant par le Maghreb. J’ai spontanément supposé que les autrices avaient transposé l’un de ses contes à hauteur d’enfants. Le mystère demeure entier. Est-ce que le personnage principal n’a du grand sage que le prénom ou bien est-ce là la genèse de ses aventures ? J’ai également été très touchée par les belles illustrations au style épuré et onirique qui nous emmènent en voyage en Orient.
J’ai particulièrement aimé la poésie de certaines tournures de phrases mais aussi la liberté laissée au fils de faire « selon sa fantaisie ». Tout au long de cette histoire, le père suit les idées émises jusqu’à l’avant dernière page du livre, lorsque l’enfant, acculé, finit par proposer de porter l’âne afin d’éviter les moqueries. A force de se sur-adapter au regard des autres, d’intérioriser leurs remarques, Nasreddine se rend malheureux et finit par manquer de bon sens et proposer une chose absurde. Son père intervient alors pour lui faire réaliser son erreur.
Quel est pour toi le mot, la phrase ou le paragraphe le plus important de l’histoire ?
« Les gens, s’ils en ont envie, trouvent toujours une raison de se moquer et de critiquer. C’est à toi de décider si tu entendsdes paroles remplies de sagesse ou de sots et méchants bavardages ». C’est là le socle de tout (futur) libre penseur.
En classe
Les moqueries sont un grand enjeu de la cour de récréation et s’il est moins évident de les faire cesser, il est indispensable d’inculquer la sagesse de ne pas les prendre trop à cœur, d’avoir la distance nécessaire pour s’en défaire et de rester intègre à soi en son for intérieur.
La lecture de cette histoire donne aussi une perspective de ce que ressent le destinataire de remarques déplaisantes, de l’impact qu’elles peuvent avoir sur lui et permet une réflexion à celui qui les assène.
Sélina Tamegnon 1.4F
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