Même les girafes dansent

Par annemarie

Un ouvrage chaleureux et coloré qui invite à s'affirmer et à croire en ses rêves.

Auteur : Giles Andreae
Illustrateur : Guy Parker-Rees
Adaptation française et correction :
Emmanuelle Caussé, Myriam Blanc
Maison d’édition : Gautier – Languereau
Date de parution : avril 2023
Âge conseillé : dès 7 ans


Moqué des autres, Gérald réussira-t-il à vivre ses rêves ?

Résumé

Au cœur de la savane, tous les animaux se réjouissent du fameux bal de la jungle organisé chaque année. Tous ? Eh bien, pas complètement. En effet, Gérald, girafe majestueuse et élancée, savait bien que son corps fragile ne lui conférait pas de beaux talents de danseurs. Du moins, il le croyait. Il ne se sentait pas du tout à la hauteur de ses confrères, qui eux enchaînaient valses et pirouettes avec aisance.
A la date du bal, tous les animaux de la savane se rassemblent autour du feu pour danser. Chacun démontre à son tour ses multiples talents, du rock au cha-cha-cha en passant par le tango, tant les fauves que les singes sont véritablement épatants. Quand vient le tour de Gérald, l’atmosphère change brusquement. Soudainement, l’ensemble de la troupe le fixe en jugeant de rires moqueurs les quelques pas que la pauvre girafe avait pourtant osé faire sur la piste. Tous s’accordent, il n’y a pas de doutes, les girafes ne savent pas danser. Gérald reste coi. Attristé et rouge de honte, il s’en va péniblement. Jamais auparavant, il n’avait ressenti de sentiment de vide et de solitude si profond et si intense au creux de son petit cœur.
En traversant la clairière, Gérald rencontre son ami le grillon, qui lui, a compris le problème de la grande girafe et comment l’aider. « Parfois, quand on est différent, il suffit de trouver son propre rythme. … Maintenant, imagine que cette jolie lune ne chante sa chanson que pour toi. Tout est musique, pour peu que tu le décides. » C’est alors que la magie opère. Les membres de Gérald prennent vie au son des notes mélodieuses de Monsieur grillon et son violon. Gérald tournoie, saute, virevolte. Il danse.
Gérald éblouit les animaux de la savane et achève ce spectacle merveilleux par une gracieuse révérence. Le regard dirigé vers la lune et les étoiles, Gérald sait qu’aucune barrière n’est infranchissable, tant que l’on trouve sa propre voie pour la gravir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Critique

En mêlant douceur et valeurs, cet ouvrage à l’esthétique coloré m’a particulièrement touchée.
Je l’ai choisi tout d’abord pour son titre qui m’a sauté aux yeux, tant la danse est une passion qui m’habite depuis ma plus tendre enfance. Le personnage principal de la girafe aux tons chaleureux m’a beaucoup plu. Elle est l’étoile qui ressort en contraste avec les teintes plus froides de la nuit, des ombres au crépuscule. Page après page, on ne se lasse pas de ces beaux dessins grand format qui feront voyager les enfants avec Gérald, les amèneront à percevoir les émotions et sentiments qui touchent cette girafe sensible. Le texte éloquent de Giles Andreae contribue superbement à nous plonger dans une histoire à la fois amusante et émouvante. L’identification à la figure de Gérald est je pense, possible dès 10 ans environ, lorsque l’enfant commence à se soucier davantage de sa propre personnalité, de ses capacités, de sa posture dans son environnement et du regard des autres. Enfin, l’ensemble des animaux avec leurs variations de couleurs et d’expressions forment un concentré de positivité et de bonne humeur qui réchauffe le cœur. Cela nous donne envie de relire l’œuvre encore et encore, découvrant à chaque fois de nouveaux détails. Immergés dans l’ambiance d’un bal de la jungle allègre, le règne animal se personnalise et nous invite, nous, humains, à y entrer.
Je lirais volontiers ce livre à mes élèves en classe. En plus de transmettre un sens optimiste et de la joie aux enfants, l’ouvrage est un hymne à la tolérance qui sensibilisera les plus jeunes à l’acceptation de la différence. Gérald incarne l’être dont on se moque, sur lequel on porte un jugement négatif, car sa manière de faire ou d’être ne correspond pas à nos critères. Ces messages haineux poussent la girafe à se replier sur elle-même et à douter de ses propres dons, tant la pression du groupe social est forte. C’est à ce moment du récit qu’intervient le grillon incarnant l’ouverture, l’espoir, l’estime de soi. Tout comme les enfants pourraient se sentir abattus d’être considérés comme inadéquats par les autres, la sauterelle représente la force qu’ils sont capables de mettre en œuvre pour faire face au rabaissement. Le livre tend à donner d’un côté confiance en soi pour les élèves qui comme Gérald doutent de leurs qualités. De l’autre pan, il enseigne l’ouverture d’esprit et l’acceptation de la différence, de l’autre tel qu’il est. Essayer différemment c’est possible.
En plus d’inviter au vivre-ensemble et au respect de chacun-e, l’ouvrage met en évidence l’importance de s’aimer et de croire en soi et en ses rêves. Nous naissons comme nous sommes physiquement, avec des traits que nous aimons particulièrement, et d’autres un peu moins. Pourtant, ces derniers peuvent se révéler doués pour peu qu’on les reconnaisse tels qu’ils sont vraiment. Cela ne signifie pas ne jamais se remettre en question, mais au contraire apprécier l’aventure de la découverte de soi, connaître ses forces tout comme ses faiblesses, ainsi que projeter pour soi-même des rêves qui nourriront sa vie.
De mon point de vue, l’enseignant peut mener, suite à la lecture de ce livre, une discussion avec les élèves sur les sentiments ressentis, la manière dont ils auraient agi dans cette situation, l’importance pour la plupart des humains de se lier et d’appartenir à une communauté. Se sentent-ils davantage comme Gérald, ou plutôt comme les autres animaux ? Ont-ils déjà vécu des moqueries ? Quelles stratégies mettre en place pour avoir confiance en soi ? Quelle posture adopter envers son/sa camarade et dans le groupe ? Quels rêves auraient-ils à cœur de réaliser ? Oseraient-ils « faire différemment » ?

« Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous, et ils se réaliseront sûrement. »
– Martin Luther King –


Lisa Chassot, 1.1F

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