Quand j’étais loup

Par annemarie

 

 

 En bref: 

  Auteurs : Philippe Lechermeier – Sacha Paliakova

  Illustratrice : Sacha Paliakova

  Maison d’édition : Gautier Languereau

  Date de parution : Octobre 2003

  Âge conseillé : à partir de 5 ans (4-5H)

 

Lorsque j’ai découvert ce livre à la bibliothèque, la première chose qui m’a intriguée, c’est le titre et le fait qu’il soit exprimé au passé, « j’étais ». Je me suis rapidement demandé comment un loup a pu être un loup et cesser de l’être. Au fil des premières pages, je ne comprenais pas vraiment où l’histoire voulait nous emmener, et ce n’est qu’à la fin que le livre prit tout son sens. J’ai alors compris que ce livre, riche de ses années, faisait encore sens dans notre société actuelle. En effet, le texte aborde des sujets tels que la différence, les normes sociétales, le bien-être émotionnel, la marginalité et le rapport à la liberté. J’ai donc jugé pertinent de poursuivre et approfondir mon analyse sur cet ouvrage de littérature jeunesse.

Ce livre m’a poussée à la réflexion et m’a amenée à me poser plusieurs questions : quel aurait été le sort du loup s’il ne s’était pas adapté aux humains ? Est-il aussi heureux qu’avant ? Sa différence ne faisait-elle pas sa singularité et son bonheur ? Ces diverses questions m’ont poussée à réfléchir à notre société actuelle et aux normes qui nous sont imposées. Si je devais faire un lien avec les enfants, je pense qu’inconsciemment on les endoctrine à rentrer dans ces normes, et que ce livre peut également aborder le passage à l’école, qui peut être difficile. Je ne m’attendais pas du tout à cette morale et à ce dénouement lorsque j’ai lu ce livre la première fois, et j’ai eu un effet de surprise.

À propos des illustrations, j’ai beaucoup apprécié la disproportionnalité entre les décors et les personnages. Au début de l’histoire, le loup est en position de supériorité et est illustré comme étant plus grand que ce qui l’entoure. Mais lorsqu’il est confronté par les villageois, il paraît tout à coup tout petit. Ce jeu de proportions est représenté de manière claire et nous aide à comprendre le sentiment d’infériorité et de supériorité que l’on peut ressentir. Les couleurs sont vives et souvent mises dans un contraste chaud-froid ou dans un contraste noir-couleur, ce qui attire le regard sur les éléments plus importants. Les personnages sont illustrés de façon très originale, chaque personnage est varié et a des caractéristiques propres. Les illustrations renforcent la morale de l’histoire : l’importance de préserver une part de notre nature instinctive, sauvage et libre.

On remarque une opposition entre la couverture et la quatrième. Sur la première, les couleurs sont plutôt froides et sombres (bleu foncé). Le loup est couché, la tête posée sur ses pattes, il a l’air calme et apaisé. Ce n’est pas vraiment la représentation d’un loup à laquelle on pourrait s’attendre. Cependant, sur la quatrième, on a une couleur chaude (jaune), et l’on voit quatre facettes différentes du loup, dont une où il apparaît humain. De plus, le texte nous indique qu’il sème le désordre partout où il passe.

Selon moi, l’auteur a écrit ce livre afin de nous offrir une expérience réflexive, pour nous pousser à réfléchir sur notre place dans la société. Il parle de la vie passée du loup et remet en question ce qu’il a gagné ou perdu en devenant humain, ce qui pourrait illustrer le passage de l’enfance à l’adulte. Les enfants grandissent et prennent conscience de leur place dans cette société et des codes sociaux, puis les adultes regrettent leur enfance et y repensent avec nostalgie. Cette thématique s’adapte complètement à la littérature jeunesse. L’auteur a réussi à faire ressortir beaucoup de sujets encore d’actualité en un seul ouvrage.

Le passage suivant est, selon moi, le moment clé de l’histoire :
« Je ne suis plus un loup, je vais dans la même école que vous, je porte un cartable, j’apprends mes tables. Pourtant, certains soirs, quand la lune est rousse, quand j’ai un chat au fond de la gorge ou un oiseau dans la tête, je m’assieds sur le bord de la fenêtre et je me souviens de l’époque, quand j’étais loup. »
Ce passage souligne parfaitement la morale de l’histoire et nous montre que, même si on est forcés de s’adapter à la société et de suivre les règles, il est impératif de ne pas perdre le lien avec notre nature profonde au risque de le regretter.

 

Carolina Alves 1.1F

 

Commentaires

Les commentaires sont fermés