Ce livre laisse un arrière-goût amer. Les sens s’activent et se stimulent au contact de ses pages, sur lesquelles se dépose le décor insalubre d’une tour en béton aux murs lisses de l’extérieur mais escarpés et sinueux de l’intérieur ; des murs entre lesquels se tord, se moud, s’étouffe et se meurt une enfance ensevelie sous les ordures, les excréments de chat, la crasse et la pouillerie.
L’enfant Léo se tient debout face à ces murs, il lisse compulsivement et obsessionnellement sa ceinture et le col de sa chemise comme pour se forger une armure, muraille derrière laquelle il s’époumone dans son manque d’amour, sa solitude et son désarroi face à une mère apathique traumatisée par son divorce, qui s’engouffre de plus en plus dans une profonde dépression.
Léo trouve du réconfort dans le pelage de son chat ainsi que dans sa passion pour le basketball. Il s’accoude à sa fenêtre en observant le ciel, dans l’attente d’un autre ciel où armure et béton se brisent pour laisser place à la verdure des champs fleuris, un ciel où tout s’harmonise et s’orchestre comme dans une mélodie d’espoir.
Sa tour en béton, Damien Murith la construit au moyen de petits textes sémantiquement indépendants mais qui forment des unités de sens complètes, tout comme les pierres qui font l’édifice.
Damien Murith, Dans l’attente d’un autre ciel, Editions d’en bas, 2021, 120 pages, 20 CHF.