Luth pour la survie

La guerre s’annonce, sévit, occupe et repart. Quelles perspectives pour les civils sous les sifflements du ciel, sous la folie des hommes que la violence transforme ?

Dehors, derrière la fenêtre de la chambre,
demain se déchire.

Dans La Voix du violoncelle, deux sœurs se séparent pour s’assurer un lendemain. Clémence fuit, Marie se terre. L’une se heurte au mur froid de l’émigration, l’autre à la cage silencieuse de la captivité. Le récit déploie le changement des paysages et des individus. La voix du poète fait se rencontrer la destruction et l’espoir, le brasier et la rivière. Les strophes, mots fumants, sont des volutes qui s’élèvent des incendies, des feux de camp et des vies qui s’éteignent.

Clémence épuisée, grain de sel recraché par
la gueule des colosses, déjà le sait : il faudra
trouver tous les soleils au-dedans de soi.

Les ruines d’un pays renaissent grâce à la mélodie des âmes : celle de Marie et celle de son violoncelle. Si l’histoire est tragique, la langue qui la raconte est sobre et percutante. C’est la poésie de Damien Murith, la poésie des abandonné·es, des étincelles que l’on écrase, que l’on étouffe ou que l’on noie. C’est aussi la poésie de l’espoir, de la renaissance, la vibration d’une langue universelle pour retrouver une humanité perdue.


Damien Murith, La Voix du violoncelle, Lausanne Éditions d’en bas, 2024, 96 pages, 20 CHF.

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