Entre deuil, quête identitaire et paysages islandais sauvages, Velia Ferracini signe un roman d’apprentissage poignant où poésie et typographie traduisent les fractures et les espoirs d’une transition de genre.
Dans ce roman d’apprentissage consacré à l’exploration de l’univers transgenre, Velia Ferracini fait interagir un adolescent « perdu dans sa transition, abîmé par la perte de sa maman », son père écrivain « assommé par le deuil de son épouse, obsédé par une quête de mémoire », et une jeune femme islandaise « désireuse de réaliser son rêve d’écriture ». Pour donner forme à cette recherche transidentitaire, l’auteure fait varier non seulement les points de vue, mais expérimente aussi avec la typographie afin de mettre en relief de brefs poèmes jouant avec des effets d’homophonie et des rimes intérieures.
L’enfant né biologiquement fille accuse sa mère de son mal-être, car quand il lui apprend qu’il est garçon – « Corps à corps. Corps accord. Corps désaccord. Corps dé-s-à-corps » – sa mère ne lui parle plus et finit par se prendre la vie, incapable qu’elle est de se rebeller contre les stéréotypes que son père patriarcal lui avait inculqués. La reconstruction de celui qui se revendique « iel » et de son père en deuil se fera grâce à un voyage en Islande à destination de la maison d’enfance de la mère. La rencontre inespérée avec la jeune Islandaise opprimée par sa famille, dans un paysage sauvage entre mer et volcan en éruption, voit se produire un miracle qui donne aux trois personnages l’occasion de se relever, permettant ainsi au titre du roman de se réaliser et de « laver les cendres ».
Velia Ferracini, Lave mes cendres, Genève, Éditions Encre fraîche, 2025, 28 CHF, 270 pages.