Un hôtel somptueux perché au sommet d’un site des Açores, du personnel formé à satisfaire les caprices les plus fous et un téléphérique qui traverse la forêt pour rejoindre une plage privée. Et si le luxe n’était qu’une illusion ?
Avec Les trois cœurs du poulpe, Raluca Antonescu signe un quatrième roman passionnant qu’il est difficile de quitter avant d’en avoir découvert les clés.
Evan et sa sœur se sont perdus de vue depuis plus de dix ans quand il lui demande de le rejoindre sans explication. J’ai besoin de toi. Sans réellement d’autres motivations que le souvenir de son rôle de grande sœur, Vicki quitte tout et s’envole vers l’inconnu. Après un vol et deux heures sur des routes sinueuses, elle découvre son frère à la tête d’un monde qui n’est pas le leur.
Entre un directeur d’hôtel pensant qu’il suffit de le rêver pour réussir ce qu’on entreprend et un duo fraternel, au contact rompu, qui ne sait plus communiquer autrement que par le silence, il y a Anël, une enfant rendue mature par un drame et trouvant dans les encyclopédies une façon d’exister.
— Il y a une grenouille qui vit dans des bois en Alaska, dit Anël. Pour survivre à l’arrivée des grands froids, elle gèle son cœur. Elle se réveille après l’hiver et revit une fois le danger passé.
Ce roman interroge les dynamiques familiales quand les liens ne sont plus rien d’autre que ceux du sang, mais aussi ce qui transcende chacun de nous. Dès lors, un dévoilement est rendu possible.
Comme ce serait confortable, pensa Vicki. Anesthésier son cœur aux coups durs, endormir son chagrin le temps d’un hiver. Mais elles n’étaient pas des grenouilles de glace.
Avec une narration qui nous donne accès aux personnages, une captation de leur essence se met en place pour disséminer des graines au fil du récit. Alors qu’elles prennent le temps de germer, leurs racines se tissent dans la mémoire à la recherche de réponses.
Tu veux, tu peux. Vraiment ?
Antonescu Raluca, Les trois cœurs du poulpe, Genève, La Baconnière, août 2025, 256 pages, 25 CHF.