Étienne Barilier, passionné des grandes figures qui ont marqué le monde, dresse dans Muses le portrait du chorégraphe George Balanchine, qui fut aussi musicien, danseur et maître de ballet. Que de personnages dans ce roman ! Passant d’une série de ballerines à une meurtrière, c’est un véritable défilé qui est convoqué par l’écrivain, un ballet de femmes qui viennent rendre visite à Balanchine avant sa mort. Toutes, elles partagent une même expérience : celle d’avoir aimé le grand chorégraphe, d’avoir été aimées par lui. Parfois, on se perd presque dans une longue suite de prénoms, entre Tamara, Vera, Tanaquil, Darci et Frances. Comme si les souvenirs s’étiolaient, que le cerveau brûlait. Le protagoniste se révolte pourtant : « Je veux me souvenir, parce que je refuse que le diable rouge emporte ma mémoire, me la suce du cerveau. »
Si vous êtes novice en ballet, mais adepte de récits de vie, de récits d’artistes, n’hésitez pas. Et si vous aimez la musique classique, je vous invite à lire ce livre en écoutant le quatuor de Mozart KV 421. En effet, les sensations provoquées par les notes entrent en résonance avec l’écriture, elles mettent les mots de l’écrivain en mouvement. Et si le temps vous le permet, allez à la recherche d’une des créations de Balanchine, de sa Serenade par exemple, rythmée par la magnifique musique de Tchaïkovski. Car le génie, Étienne Barilier le sait bien, « ne consiste pas à danser sur la musique mais à métamorphoser la musique en danse, ou plutôt l’inverse ».
Étienne Barilier, Muses, Campiche, 2024, 192 pages, 29 CHF.
Crédits de l’image : https://www.operadeparis.fr/artistes/george-balanchine