Baptiste Gaillard, la poésie du silence

« Parfois nous ne pouvons dire où commence ce qui se remarque », est l’une des phrases qui ouvre le nouveau recueil du poète Baptiste Gaillard. Un test de fragilité se questionne sur les éléments qui nous entourent mais auxquels nous ne prêtons guère attention. Ce qui se remarque, lorsqu’on y pense, ce sont les espaces, le bruit du vent, les différentes formes que l’eau prend, ou encore les reflets du soleil contre la vitre. Cette poésie particulière, qui vit entre vers et prose, nous emporte dans l’immensité du détail. Tel un scientifique, Baptiste Gaillard se charge de disséquer ses réflexions sur le monde flottant du vide qui devient plein, de la notion d’espace, des particules qui s’agitent autour de nous, à peine visibles. Faisant appel aux cinq sens, il décrit ce que l’on ne voit ni n’entend, tel le silence ou l’air ou même le temps, impalpable. L’écrivain et traducteur lausannois qui avait déjà reçu le Prix suisse de Littérature en 2018 pour son Domaine des corpuscules continue dans la lignée de ses ouvrages poétiques qui tendent à décrire des phénomènes naturels, des matières et des états transitoires. 

Ce nouveau recueil nous plonge dans un univers de sensations que l’on pensait inatteignable, presque métaphysique, au sein duquel pouvoir sentir une couleur ou regarder une odeur devient possible. Baptiste Gaillard nous offre une poésie du silence qui devient une philosophie de l’éternel.


Baptiste Gaillard, Un test de fragilité, Héros-Limite, 2024, 72 pages, 19,20 CHF.

Crédits de l’image : Dina Trifonova

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