Il était une fois. C’est ainsi que débute cette histoire, entre conte et hommage. Dans 45 courts chapitres, la narratrice relate la rencontre entre deux quotidiens, entre elle et son voisin que rien ne rassemble, si ce n’est leurs différences. Nous faisons ainsi la connaissance d’une jeune femme engagée et d’un homme mystérieux, prénommé Sándor, qui partagent un palier dans un immeuble citadin. En écho aux évènements de notre réalité, l’atmosphère du roman s’enveloppe sensiblement des questions climatiques et pandémiques. Lui voyage régulièrement par avion, elle lutte pour la sauvegarde d’un bosquet dans le quartier. Elle s’adapte aux mesures d’hygiène, lui combat un cancer pendant que la crise sanitaire sévit. Mais reste l’entraide qui surpasse la pudeur et la dignité et qui révèle le vrai caractère de cette rencontre singulière.
L’écriture subtile de Catherine Lovey relie la vie solitaire d’un exilé hongrois à celle d’une femme qui observe et agit pour sa collectivité. Lassée par le passage trop régulier des saisons, la narratrice se voit offrir par Sándor de quoi suspendre les heures par quelques notes de musique. Leurs espaces personnels se touchent ainsi au fil des pages pour laisser place à une tendresse émouvante. Des premiers mots échangés sur leurs seuils aux discussions autour d’un verre, Sándor et la narratrice en viennent à partager, un peu malgré eux, des moments presque intimes.
Catherine Lovey, Histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir, Genève, Éditions Zoé, 2024, 176 pages, 24 CHF.