Noces rouges sur l’île d’Ogoz n’est pas le fruit du travail d’un seul auteur, mais de deux. Isabelle et Quentin Van Wynsberghe, mère et fils, n’en sont pas à leur premier ouvrage à quatre mains. Ce roman suit Les naufragés d’Ogoz, publié en 2021.
Noir, rouge : la page de couverture aux couleurs franches et à l’allure sanglante donne d’emblée le ton du roman. La célébration d’un mariage, événement qui se veut, par définition, rempli de bonheur et de paix, en somme de blanc, tournera au rouge. Un rouge passionnel ?
Le roman des Van Wynsberghe présente de nombreux personnages et il est à première vue difficile d’y voir clair entre nouvelles connaissances, amis ou ex-amis, ex-compagnons qu’on n’a pas revus depuis longtemps et qui sont désormais en couple ou mariés. Cette situation se traduit par un désordre relationnel digne d’une émission de télé-réalité.
Toujours est-il que le récit tourne autour d’un groupe d’amis d’enfance. Le livre s’ouvre sur la soirée durant laquelle Antoine meurt d’une overdose. Consommation excessive ? Suicide ? Assasinat ? Cet évènement marque les esprits et la question raisonne dans toutes les têtes, principalement dans celle de Margaux qui était follement amoureuse du jeune homme : que s’est-il réellement passé cette nuit-là ? Quelques années plus tard, le groupe d’amis se retrouve pour célébrer un mariage. La journée finie, la fête se poursuit sur la petite île d’Ogoz, où les jeunes passeront la nuit. Quelle sera l’issue de cette nuit ?
Noir, rouge : deux couleurs fortes. Le noir, à la fois élégant et funèbre, symbolise le mystère, l’inconnu, la tristesse et le deuil. Le rouge mélange passion, amour, danger, violence et colère. Le roman est composé de manière à captiver un public avide d’enquêtes et à séduire les passionnés d’histoires sentimentales. Si vous aimez le cocktail intrigues, meurtres sanglants et série à la Desperate Housewives, ce livre doit faire partie de votre liste de lecture.
Un climat de tension s’installe entre les personnages dans Noces rouges sur l’île d’Ogoz :
« Pour toute réponse, le marié lui cracha salement au visage, le regard mauvais. Bouillonnant de rage contenue, Sandrine s’éloigna de lui, traversa la cantine d’un pas lourd et s’essuya avec un torchon. Les autres l’entourèrent et l’assaillirent de questions tous en même temps. »
Noir, rouge : la couverture aux traits marqués laisse deviner les contours d’une petite île, dans une épaisse tâche d’encre noire. Les auteurs mettent en scène un espace clos, des meurtres qui s’enchaînent. On commence à se suspecter et à s’accuser mutuellement. En fait, les Van Wynsberghe dessinent une intrigue à la Agatha Christie. Mais il s’agit plutôt d’une légère inspiration ou d’un clin d’œil, car se mesurer à un chef-d’œuvre tel qu’Ils étaient dix serait prendre un gros risque, ce que ne font pas – et à juste titre – nos auteurs.
Ils choisissent comme cadre le paysage suisse ; le lac de la Gruyère, la ville de Bulle, l’île d’Ogoz et la légende de ses deux tours. En jonglant entre tempête et calme, ce roman dessine les tourments d’une jeunesse qui devient adulte dans une douce nature helvétique.
Pour ne rien vous cacher, c’est la première fois que j’ai lu un roman policier où l’intrigue se passe en Suisse. Que l’enquête ne se situe pas dans les rues de New York ou sur les bords de la Seine mais dans notre région d’ordinaire plutôt paisible m’a plu. Un contraste se crée entre la sérénité que procure le paysage de l’île aux oiseaux où se déroulent de belles noces et l’angoissante approche d’un événement noir, rouge.
Quentin et Isabelle Van Wynsberghe, Noces rouges sur l’île d’Ogoz, Éditions Montsalvens, 192 pages, 2024, 25 CHF.